La fin du développement durable (et de notre civilisation)
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  • Notre civilisation représente un système complexe.
  • C'est grâce aux liens que certaines actions, réactions et rétroactions auront lieu.
  • Un système complexe a besoin d'un flux d'énergie pour exister
  • En passant du paléolithique au néolithique, l’Homme civilisé a réussi à contourner de plus en plus les lois de la Nature.
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  • Est-ce que les techno sciences seront toujours en mesure de satisfaire les besoins énergétiques de l'ensemble des sociétés complexes mondialisés?
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  • Afin de garantir un accroissement annuel de 3500 TWh/an des flux d'énergies dites alternatives, l'industrie mondiale devra construire chaque année quelque chose comme par exemple:
  • Quels sont les risques encourus par notre civilisation si l’industrie mondiale était incapable de satisfaire les besoins mondiaux en énergie.
  • Notre système économique mondialisé impose une croissance permanente des activités humaines.
  • Afin de garder un semblant de contrôle de la situation, l’État devra être de plus en plus répressif.
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Version courte des exposés 7, 8 & 9


Dans le 7ème exposé nous nous demandons si les techno sciences seront toujours en mesure de satisfaire les besoins énergétiques de l'ensemble des sociétés complexes mondialisés?
La réponse est certainement oui tant que le taux global d’extraction des énergies fossiles restera en croissance, c’est-à-dire au moins jusqu’à la deuxième partie de ce siècle. Au-delà du pic de ce taux d’extraction le problème pourrait devenir insurmontable.

Pour évaluer l’importance du défi à surmonter nous avons fait deux hypothèses raisonnables :
1°) Même après 2050, la survie de notre système économique mondial demandera un accroissement de flux d’énergie de l’ordre de 1500 TWh/an.
2°) la perte de flux d’énergie fossile utile dans la deuxième partie de ce siècle serait au minimum de 2000 TWh/an. 

Ainsi le génie humain devra au minimum compenser une perte annuelle de flux d’énergie de 3500 TWh/an par d'autres sources d'énergie, que nous appelons "sources d'énergies alternatives". C’est énorme ! A titre de comparaison, cette accroissement serait  actuellement de l’ordre de 300 TWh/an et celui attendu pour la prochaine décennie peut-être de l'ordre de 500 TWh/an. (Il est très difficile d’obtenir des valeurs non commerciales à ce sujet)

Si nous admettons comme raisonnables ces ordres de grandeurs, cela signifierait que l'industrie mondiale devrait être en mesure d'accroître, durant les 4 ou 6 prochaines décennies, le rythme de  construction d’installations d’énergies alternatives, par un facteur d’environ 7, soit (3500/500), par rapport à ce qu’elle  se sent capable de réaliser dans un proche avenir, ou par un facteur d'environ 12, soit (3500/300), par rapport à ce qu’elle  peut produire aujourd'hui.
 
Peu probable que ce défi puisse être relevé en une période aussi courte que 40 ou 60 ans.
 
En résumé: Dès la deuxième moitié de ce siècle nous devrions nous attendre à une nette et durable baisse des flux d’énergie nécessaires à faire croître, fonctionner et entretenir l’ensemble des sociétés mondialisées.  
 
Quelles en seront les conséquences ? Le système risque-t-il de s’effondrer par manque de flux d’énergie?



Le  8ème exposé se penche sur les risques encourus par notre civilisation si l’industrie mondiale était incapable de satisfaire les besoins mondiaux en énergie comme le suggère le 7ièm exposé.

A quoi devrait-on s’attendre ? A ce que les futures générations  reviennent au niveau de vie des années 50 ou 60, quand la consommation mondiale d'énergie était  quatre fois plus faible que maintenant ? Pas si grave dirons certains. Le niveau de vie à cette époque n’était en fait pas si mauvais. Malheureusement ce n'est pas possible, car un système complexe est irréversible. En d'autres termes, les générations futures ne peuvent pas revivre ce que leurs ancêtres ont connu.
Peuvent-ils alors espérer  que la complexité de notre civilisation  diminuera suffisamment lentement pour permettre aux populations de s'adapter au nouveau flux d'énergie ? Cela pourrait bien être le cas  au début de la décroissance des flux d'énergie. Mais, passé un certain seuil de manque chronique de ces flux, nos sociétés se détérioreront si rapidement qu’aucun ajustement ne sera plus possible. La civilisation se dégradera de plus en plus  rapidement jusqu’à son effondrement total. Pourquoi ?


Parce que les flux d'énergie exogène consommés par la population mondiale peuvent être considérés comme des aides à l'existence. Cette aide se fait sous  la forme de ce qu’on appelle parfois "les esclaves énergétiques". A partir d’environ 1850,  l'humanité a commencé à exploiter de plus en plus massivement les combustibles fossiles. L'afflux croissant et rapide d'énergie exogène, qui a été absolument sans précédent dans l’histoire de l’humanité, a conduit à une augmentation proportionnelle des progrès techniques et sociaux (malheureusement pas toujours équitablement répartis). Toutefois, n’oublions pas que si des avancées techniques  spectaculaires ont pu être réalisées, c’est  parce que les " esclaves énergétiques " ont libéré certains humains de leurs dures tâches quotidiennes nécessaires à leur survie. Par conséquent, les progrès techniques ont suivi la même courbe ascendante que le taux annuel d'extraction des combustibles fossiles, en particulier celui du pétrole. Cette offre de flux énergétique exogène a permis d'améliorer notre alimentation, notre gestion de l'eau potable et des eaux usées, de rendre plus confortable et plus salubre nos habitats, de nous transporter rapidement d’un point à un autre sans grandes difficultés, etc., etc.. L’augmentation de nos connaissances en biologie, en médecine, en hygiène ainsi que dans les domaines  de la chimie et de la physique  ont conduit à une meilleure compréhension de la façon de lutter contre nos pires prédateurs (les bactéries et les virus) et de nous en protéger. Les progrès en technologie médicale ont permis de guérir des maladies autrefois incurables. Des progrès dans la production et la distribution alimentaire ont permis de réduire d’une manière significative les famines. Tout cela grâce aux « esclaves énergétiques »
C'est donc toutes ces avancées technologiques qui ont contribué à considérablement augmenter l'espérance de vie moyenne à la naissance de la population mondiale, ce qui a eu pour effet de l’augmenter.



Nous avons vu dans le 6ème exposé que le génie humain ne sera vraisemblablement pas en mesure de produire un flux d'énergie toujours croissant permettant cette croissance d'activité. Ce flux passera par un maximum (Figure 6-3) puis diminuera inexorablement, probablement déjà au cours de la seconde moitié de ce siècle. Le taux annuel de cette baisse pourrait être de l'ordre de 2 à 4%.  A partir de ce moment, le nombre d'aides à l’existence, à savoir nos "esclaves énergétiques ", nous délaisseront les uns après les autres. Résultats: les structures sociétales des prochaines générations seront sérieusement endommagées, entraînant dans un premier temps des  agitations sociales plus ou moins fortes, d’abord en différents points du globe pour se généraliser petit à petit à l'ensemble des sociétés complexes mondialisées. Les problèmes qui se feront de plus en plus pressants pour  les prochaines générations seront de pouvoir remplir leurs assiettes chaque jour, d’avoir un accès facile à l'eau potable, de recevoir des soins en cas de maladie, de se déplacer sur de grandes distances pour trouver du travail  ou de la nourriture, etc. De même, ils verront que  les structures de la société seront de moins en moins capables d'assurer des emplois rémunérés, de distribuer des compensations pour les chômeurs, ni protéger la population contre les épidémies et autres fléaux. Ainsi, logiquement, l'espérance de vie moyenne des générations futures devrait progressivement diminuer et donc aussi la population mondiale. A priori, du fait que cette dernière suive le même schéma que celui des flux d'énergie consommés, nous pouvons craindre qu’une fois passé leur taux d’extraction maximum des énergies fossiles, la population mondiale  diminuera chaque année d'au moins 2 à 4%. Supposons que, lorsque ces flux d'énergie vont  commencer à diminuer, la population mondiale aura atteint 9 milliards d’individus. Si la diminution de la population annuelle moyenne devait être de l'ordre de 3 %, la population mondiale ne compterait pas plus d'un milliard d’individus en moins de trois générations (75 ans).  Il est même possible que cette baisse soit encore plus brutale car elle est  susceptible de s’accélérer par la destruction de structures économiques et sociales ainsi que des régimes  d’États de droit.

En conclusion:
La question initiale était: Quels sont les risques encourus par notre civilisation si l’industrie mondiale est incapable de satisfaire les besoins mondiaux en énergie? La réponse est: une dégradation progressive de la complexité de notre civilisation mondiale  conduisant à son effondrement.  


Nous allons dans le 9ème exposé illustrer ce processus de destruction au sein d'un espace économique donné.
Dans un premier temps, la baisse des flux d'énergie peut avoir des effets semblables à ceux d'une récession économique, mais la comparaison s'arrête là, car les mécanismes en jeu sont différents. Les récessions économiques font généralement suite à une  crise financière ou à l’éclatement d'une bulle d’un des secteurs économiques. Mais en général, ces crises ne sont pas liées à l'incapacité de produire en raison d'un manque de machines, de travailleurs, de matière première ou d’énergie. Le plus souvent elles prennent naissance quand l'offre est supérieure à la demande.
La situation est tout à fait différente lorsqu’une récession se transforme en dépression à cause d’une diminution permanente des flux d'énergie nécessaires au bon fonctionnement des sociétés. Dans ce cas, c’est la demande  qui ne peut plus être satisfaite. La dépression se manifeste alors  par le ralentissement toujours grandissant du triplet travail-production-consommation par  faute d’énergie (et de matière première). Si, dans une crise économique, il est toujours possible de stimuler la consommation en injectant des capitaux créé à partir de rien, c'est-à-dire, en faisant marcher la machine à billet, il n'est pas possible de le faire avec l'énergie. En effet, comme nous l'avons vu dans le  4ème exposé, il n’est pas possible de créer de l'énergie à partir de rien.
Il n'y a donc pas de remède pour maîtriser ou atténuer ce type de récession  qui va inévitablement  converger vers une  dépression économique permanente.

La baisse annuelle des flux d'énergie exogène, qui pourrait être de l'ordre de 2 à 6%, une fois le pic passé, se traduira par une augmentation immédiate du coût de l'énergie (toutes sources confondues), puis par une diminution progressive de la plupart des activités rétribuées dans les différents secteurs économiques.

Dans un premier temps, l'effet sera une augmentation du coût de la vie pour tout le monde avec une diminution correspondante de la consommation. Graduellement et progressivement, la baisse des flux d'énergie va entraîner la fermeture des grandes, moyennes et petites entreprises. De même, les services publics et tous autres services du tertiaire devront dans un premier temps  licencier de plus en plus massivement puis, pour certains, fermer leur porte. Le taux de chômage  grimpera en flèche. La diminution des activités salariées va faire dégringoler  le PIB et simultanément les recettes de l’État. Les premiers affectés seront certainement les services sociaux. L’État deviendra donc de moins en moins efficace pour aider des foules de plus en plus dans le besoin par pertes de leurs revenus.
L'État sera alors obligé d’augmenter les impôts de ceux qui ont encore des revenus et des richesses. Afin de ne pas déclencher d’émeutes, l'État tentera d'emprunter autant que possible afin de relancer l'économie. Il ne trouvera malheureusement que peu de bailleurs de fonds prêts  à risquer leur argent ou alors seulement à des taux très élevés. Le cercle vicieux de la dette et du  ralentissement économique va commencer. Par la force des choses, même si, à ce moment, il y aura  encore des régimes de gauche, nous devrions nous attendre à une forte réduction des prestations sociales pour les pauvres dont le nombre ne cessera d'augmenter. Les troubles sociaux qui en résulteront augmenteront la perte des libertés individuelles de chacun.
Le fossé entre riches et pauvres ne fera que se creuser d’avantage attisant encore plus l'instabilité sociale. Le marché noir, les grèves, les actes de vandalisme,  les troubles civils, le banditisme, les abus de confiance  et les  escroqueries de toutes sortes seront en forte hausse. Le sentiment d'insécurité, la méfiance de chacun envers les autres se développera progressivement, rendant la vie quotidienne insupportable. Parce que tous ces  facteurs sont absolument défavorables au développement économique, la dégradation de la situation ne fera que s’amplifier.
Les libertés individuelles vont se rétrécir comme peau de chagrin. Ce ne sera toutefois pas là une solution car les gouvernements vont devoir plier sous les dépenses pour contenir le peuple. L’augmentation des effectifs de la police, des troupes spéciales anti-émeute, la multiplication des lieux de détention vont coûter très cher. Peut-être même devra-t-il mobiliser des troupes à ses frontières pour se protéger d’agressions extérieures ou d'immigration massive et sauvage venant de régions encore plus défavorisées. L'argent dépensé pour maintenir ce semblant d'ordre se fera bien sûr au détriment du bien-être social, accélérant encore la destruction de structures privées et publiques. Certains organismes privés, certains professionnels,  chercheront à se délocaliser, aggravant encore un peu plus la situation. Plus les années passeront, plus l'État deviendra exsangue financièrement, le forçant à limiter encore davantage ses dépenses pour  l'aide au commerce, à l'industrie, à l’agriculture, à l’éducation, à la santé, à la prévention des épidémies, à l'aide au logement et de la famille. La différence de qualité de vie entre une minorité de privilégiés et une énorme foule de gens de plus en plus affamée, maltraitée, humiliée, désespérée, perdant toute confiance envers leur gouvernement, va  atteindre son paroxysme et entrainer des  révolutions sanguinaires.

Bien qu'il soit difficile de donner un scénario exact de ce qui pourrait arriver au juste, on peut imaginer qu’à ce stade, nous avons deux sortes de possibilités:

Première possibilité: Les révolutions ne résoudront rien. Elles seront suivies par d'autres révolutions toutes aussi désastreuses. Une multitude d'opportunistes, d'agitateurs de tout poil, de seigneurs de guerre et de terroristes de toutes sortes vont se battre les uns contre les autres avec, comme conséquence, la destruction presque totale des structures de notre civilisation. On assistera vraisemblablement à un exode massif des populations, ainsi que des biens et des services. Tous vont essayer de converger vers les régions qui apparaissent en mesure de leur offrir une meilleure chance de survie. Ce faisant, ils pousseront  leur région d'origine encore un peu plus vers le chaos, tout en affaiblissant les régions où ils auront choisi d’immigrer.

Les structures fournissant  l'énergie, les matières premières minérales,  les matériaux utiles, la nourriture et l'eau potable seront sérieusement endommagés. Cela devrait conduire à la résurgence de maladies infectieuses telles que la tuberculose, le choléra, la poliomyélite, l'hépatite virale, la peste, la lèpre, la fièvre jaune et bien d'autres encore. Les maladies sur lesquelles se concentrent aujourd'hui la recherche médicale, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies neurologiques, tels Alzheimer, ne représenteront plus un problème majeur car ces maladies dégénératives   touchent essentiellement les populations âgées qui, à ce moment, se feront de plus en plus rares.

Souvenons-nous que nos systèmes complexes ne fonctionnent bien que si, comme il a été dit ici à plusieurs reprises, ils reçoivent les flux adéquats d’énergie et des matières premières. Mais ce n'est pas tout.  Il faut encore que tout le monde soit présent à son poste de travail et avoir les qualifications requises pour faire son travail correctement. L'agitation sociale, l'augmentation de l'absentéisme dû aux maladies et au manque de soins, la désintégration du système de formation professionnelle et de toute l'infrastructure éducative,  conduira  à une situation où de moins en moins d’individus hautement qualifiés seront présents sur leur lieu de travail. Les conséquences économiques seront désastreuses, mais les conséquences écologiques le seront encore plus. En effet, imaginons ce qu’il pourrait arriver, par exemple, aux centrales nucléaires en l'absence d’un personnel suffisant et qualifié pour garantir un certain niveau de sécurité. La même chose vaut pour la sécurité aérienne, la sécurité alimentaire et de la qualité de l’eau, la sécurité du stockage des marchandises dangereuses, l'élimination et le recyclage des déchets de toutes sortes, etc. Des catastrophes du genre de Seveso, Bhopal, Tchernobyl ou Fukushima sont susceptibles de devenir nettement plus fréquentes. Il faut aussi s'attendre à  d’autres désastres dus à d’importantes coupures de courants électriques provenant de déséquilibres dans les réseaux électriques. Ces black-out sont  susceptibles de devenir de plus en plus fréquents, de plus longues durées et concerner des régions de plus en plus étendues. Ils entraîneront  à leur tour d’autres désastres.

Parce que dans un système complexe tout est lié, le délitement d'une structure entraine nécessairement le délitement d’une autre et ainsi de suite accélérant ainsi le mouvement de destruction généralisée. A ce stade, il ne sera plus possible d'inverser la tendance. Il sera même trop tard pour l'arrêter. Tout va inexorablement évoluer vers la destruction complète du système.


Deuxième possibilité. Certaines puissances économiques et industrielles, non encore dans la tourmente, peuvent craindre des immigrations massives de populations en détresse et une destruction indirecte de leur système économique. Pour s’en protéger, ils pourraient procéder à une invasion «préventive» des zones en détresse et les coloniser à leur propre avantage. Toutefois, en raison d'un flux global d’énergie de plus en plus faible, il ne sera plus possible, comme aujourd'hui, de reconstruire les pays envahis puis les transformer en un fidèle partenaire commercial. L’envahisseur  ne pourra  agir que comme un colonisateur et traiter les populations soumises que comme  des esclaves. Il utilisera ce qui reste de la richesse de ces pays  à son profit exclusif.
Ce genre de situation risque de durer aussi longtemps que l’envahisseur reste fort sur tous les fronts.  Au moindre signe de faiblesse, les populations soumises  se révolteront en détruisant tout, jusqu'à ce qu’une autre puissance intervienne pour mettre tout le monde sous son autorité. Ainsi, étape par étape, le chaos va s'étendre à différentes parties du monde civilisé. Le commerce mondial, sur lequel est basé la prospérité de notre civilisation industrielle ne sera plus possible dans ce monde chaotique. Il y a un risque que les dernières grandes puissances encore préservées, cherchent à imposer leur suprématie pour  dominer le globe  entraînant le monde entier dans une guerre apocalyptique qui mettrait un point final à cette civilisation et peut-être même à l’humanité.

Bien que ces deux scénarios ne soient pas certains, ils sont loin d'être impossibles, surtout si rien n'est fait pour les prévenir. Quoi qu'il en soit, ce qui pourrait arriver dans l'avenir n'est pas quelque chose que nous pouvons prouver ou  réfuter. Le seul fait que ce qui a été décrit ici soit du domaine du possible, nous oblige à évaluer cette probabilité et appliquer le principe de précaution. L’enjeu est trop élevé pour ne rien entreprendre.

Les arguments pour ne pas croire à une telle catastrophe sont souvent le reflet de nos peurs et de nos lâchetés devant des dangers qui nous dépassent. Nous préférons les nier plutôt que d'y faire face. Et puis, il y a notre foi inébranlable dans les miracles, que ce soit ceux que Dieu pourrait nous gratifier dans sa grande miséricorde  ou, plus communément de nos jours, grâce au  génie humain qui, s’il est capable d’être à l’origine de catastrophes, il aurait aussi le pouvoir de les réparer. L'argument suivant est fréquemment avancé: «L'histoire nous a montré que nous ne pouvons pas prévoir longtemps à l'avance ce que le génie humain peut encore nous réserver pour nous sauver.  Ainsi, faisons lui confiance  et arrêtons de faire des prédictions non constructives qui minent le moral de tout le monde."


D'où la question: Et si le génie humain était en effet capable de garantir en permanence le flux d'énergie suffisant pour que notre civilisation puisse continuer à se développer ad æternam.  Serait- elle sauvée pour autant?  

                                                                                                                 version courte du dixième exposé